Portrait de Gérard Bertrand – Maire de la Chapelle Blanche et président de la CAP C
Maire de la petite commune de la Chapelle Blanche depuis 35 ans, Gérard Bertrand passera le flambeau lors des prochaines élections. Fier d'un bilan riche, notamment en tant que président d'intercommunalité et vice-président du Centre de Gestion, il est revenu sur son expérience.
. Qu’est-ce qui vous a amené à devenir élu local ?
G.B : Je n'étais pas très impliqué dans la vie locale lorsqu'en 1980, une enquête sur le passage en 2 X 2 voies de la RN12 a été présenté à la Chapelle Blanche. J'ai pensé que le tracé était aberrant car il allait défigurer la vallée de la Rance. Lors d'une réunion, j'ai interpellé les ingénieurs de la DDE qui n'ont pas voulu prendre en compte mes observations car je n'étais pas élu local. Le déclic s'est produit ensuite lors des élections de 1983 car comme je m'intéressais à la commune et ses alentours, je me suis dit que je pouvais être utile. En 8 jours, j'avais fait une liste qui a été élue. Ça a été à la fois brutal et rapide. A partir de 1992, j'ai beaucoup oeuvré à la création de la Communauté de communes du Pays de Caulnes, qui a fait parti du premier wagon des communautés créées dans le département. Elle a ainsi pu bénéficier de dotations de l'Etat conséquentes, ce qui a permis de développer de nombreux services à la population. J'ai été élu Conseiller général en1994 jusqu'en 2015. Je suis aujourd'hui Maire de la Chapelle Blanche, Vice-président du Centre de Gestion 22, Vice-président du SMICTOM centre ouest Ille-et-Vilaine, conseiller communautaire de l'agglomération de Dinan et secrétaire général de l'Association des Maires 22. Mais tout cela va bientôt prendre fin car je vais passer la main aux prochaines élections.
Lorsque je suis devenu Maire, je connaissais presque toute la population, composée essentiellement d'exploitants agricoles. Depuis quelques années, celle-ci a beaucoup changé et s'investi peu dans la vie locale. Avec le transfert de nombreuses compétences à l'agglomération de Dinan, la Mairie a perdu son rôle de premier interlocuteur dans la commune, cela a mis de la distance.
. Quelle est votre vision du service public local et les projets importants à échéance deux-trois ans ?
G.B : Il est chahuté, notamment par les réglements successifs, tels que la loi NOTRE. La dématérialisation des procédures a également changé la relation à l'usager, comme les fusions de communautés de communes, même si on est dans deux domaines très différents. Les collectivités ont connu une forte évolution ces dernières années. L'impact est important à la fois pour les agents et pour les élus. Ces changements bousculent les habitudes, il faut s'adapter, c'est parfois difficile. Cela demande beaucoup de compréhension de la part des uns et des autres. Les dossiers difficiles, que l'on retrouve ensuite en CAP (commission administrative paritaire), sont souvent liés à cela.
Concernant les projets, nous avons rénové la Mairie et la salle des fêtes lors du précédent mandat. Aujourd'hui, la commune n'a plus ni commerce, ni école. Il y a peu de terrains à bâtir. J'émets le souhait qu'elle fusionne avec Caulnes et Saint-Jouan par la suite. Pour l'instant, la population n'y est pas favorable pour des questions de fiscalité locale. Mais pour une si faible population (environ 200 habitants), ça n'a plus de sens de maintenir une secrétaire de mairie et un trésorier, d'autant plus qu'une partie des compétences a été transférée à l'agglomération. Cette fusion sera plus sage et efficace car elle permettra de concentrer les services sur Caulnes. Les limites de nos communes évolueront tôt ou tard de toute façon. Et ce sera bénéfique pour La Chapelle Blanche qui profitera des projets de la commune nouvelle.
. Qu’attendez-vous d’un établissement ressources comme le Centre de Gestion ?
G.B : Lorsque j'ai été amené à recruter davantage pour la Communauté de communes de Caulnes, j'ai commencé à m'intéresser au travail avec le Centre de Gestion. La gestion des carrières des agents constitue son coeur de métier. Mais je constate qu'en général, les élus se sentent peu concernés par ces questions de statut et d'évolutions de carrières. Ils ont peu d'informations et de formations, alors qu'ils sont employeurs. Souvent, les difficultés de dossiers en CAP viennent de là.
Le Centre de Gestion est un centre de ressources extraordinaire. La qualité des services, les compétences des agents en font un établissement indispensable aux collectivités, dans n'importe quel domaine qu'il gère. Le Centre de Gestion des Côtes d'Armor est l'un des plus importants de France. Il a beaucoup évolué au fil des années. Certains autres CDG n'ont que deux ou trois agents, qui gèrent seulement les missions obligatoires, offrant peu de services aux collectivités locales.
Le Centre de gestion facilite également les échanges entre élus, de toutes les sensibilités politiques. Nous travaillons très bien ensemble, dans un esprit constructif. Lors des conseils d'administration, il y a de l'écoute et des décisions.
Je suis président de la CAP C* depuis le dernier mandat. Je ne connaissais pas, avant d'être élu au Centre de Gestion, les réglementations très complexes liées à à la carrières des agents publics. Heureusement, je bénéficie des conseils du service Instances, carrières, retraite. Leur excellent travail préparatoire facilite l'organisation des réunions. Il y a une forte présence des représentants syndicaux qui connaissent bien les dossiers, travaillent en bonne intelligence. Les représentants des élus sont moins présents mais grâce aux temps de préparation en amont avec le service Instances, carrières, retraite, les séances se déroulent bien. Cependant les avis de la CAP ne sont que consultatifs (c'est à dire qu'ils ne s'imposent pas). Et en cas de désaccord avec la collectivité, par exemple dans des refus de titularisation ou de prolongation de stage, les avis sont très peu suivis. Cela génère de la frustration pour nous, même si nous devons respecter ces décisions. Même si c'est un travail assez lourd, car il y a beaucoup de dossiers à traiter, assurer cette présidence est une expérience très intéressante et enrichissante.
* La Commission Administrative Paritaire est composée paritairement d’un collège d’élus des collectivités affiliées et d’un collège de représentants du personnel élus après élections professionnelles (organisées tous les 4 ans). Elle émet des avis à la demande de l’autorité territoriale ou des agents, sur les questions relatives au déroulement de carrière des fonctionnaires dans les trois catégories A, B et C.
. Avez-vous eu une expérience marquante avec les services du Centre de Gestion ?
G.B : En 2007, les communautés de communes de Caulnes et de Broons ont lancé un projet de fusion. Dans ce cadre, nous avons fait appel au service études du Centre de Gestion. Nous avons organisé de nombreuses réunions en vue de la mutualisation des services. Cependant, ce projet n'a malheureusement pas vu le jour faute de temps par rapport au renouvellement électoral. Mais tout ce travail préparatoire a été passionnant.
Dans ma fonction de Maire, j'ai eu très tôt recours au service des emplois partagés. Nous nous sommes associés avec Saint-Jouan pour recruter la même secrétaire de mairie, à temps partagé. Ce contrat a même inclus la commune de Mérillac fut un temps.
. Pour conclure, à titre professionnel, avez-vous une citation ou une phrase préférée ?
G.B : Le philosophe Alain a dit "le doute est le sel de l'esprit". Le doute oui. Mais à condition qu'il soit à dose homéopatique, car il ne faut pas qu'il soit un frein à la décision. Rien n'est définitif. Dans la vie, il faut toujours se remettre en question. Il faut écouter les autres mais il faut aussi décider. Il faut se remettre en question et accepter d'être remis en question.
Concernant le Centre de Gestion, je trouve que la phrase suivante s'applique très bien à son fonctionnement et à ses missions : "Se réunir est un début, rester ensemble est un progrès, travailler ensemble est une réussite" (Henri Ford).
