Portrait de Paul Le Bihan – Maire de la commune de Lannion
Maire de Lannion depuis 2014, Paul Le Bihan a fait de l’aménagement urbain une ligne directrice de sa politique publique. Il nous a fait partager sa vision du service public local : pour l’amélioration de la vie de la cité dans une dynamique de large concertation.
. Qu’est-ce qui vous a amené à devenir élu local ?
P.LB : Fondamentalement, c’est la politique au sens noble du terme, c’est-à-dire la participation à la vie de la cité. Faire partager ses idées sur les questions quotidiennes des citoyens, apporter sa part de réflexion au travail d’une équipe au service de sa ville, c’est ce qui m’a motivé et me motive toujours.
En 1995, le Maire de l’époque m’a sollicité pour rejoindre sa liste aux élections municipales. J’ai accepté et j’ai été élu conseiller municipal. En 2001, je suis devenu Maire-adjoint aux finances, puis 1er Adjoint au Maire en 2010. Suite à la démission de Christian Marquet en 2014, j’ai été élu Maire. C’est à la fois le résultat d’un engagement personnel et une somme de hasards.
. Quelle est votre vision du service public local et les projets importants à échéance deux-trois ans ?
P.LB : C’est apporter des réponses aux problématiques de tous les jours : l’accès aux écoles, à la culture, au sport, au logement, l’aide aux personnes âgées, aux personnes en difficulté, etc. C’est la ligne directrice du service public local. C’est pouvoir donner l’accès le plus large possible à ces services en fonction des moyens des gens, apporter plus d’équité. Il faut répondre au mieux à des questions telles que « j’aimerai faire du sport mais je n’en ai pas les moyens financiers, comment puis-je faire ? ».
A Lannion nous traitons ces problématiques en régie directe afin de pouvoir agir plus facilement qu’en passant par un prestataire. Nous avons engagé une politique forte de rénovation urbaine, notamment avec le bailleur social Côtes d’Armor Habitat. Nous poursuivons l’amélioration du cadre de vie de chacun, en changeant l’image des quartiers notamment plus défavorisés. Cela passe par des reconstructions et la diversification de l’habitat, le mixage des populations. Quand nous refaisons la médiathèque, c’est pour ouvrir davantage la culture à tous. Donner cette possibilité, quels que soient les moyens des gens. Le service public, c’est tout ça.
En termes de projets, nous poursuivons la rénovation urbaine avec la réflexion sur le centre-ville, engagée depuis 2-3 ans. Comme beaucoup de villes moyennes, il souffre de désertification. Il faut le redynamiser. Ce projet de réhabilitation des commerces et de rénovation des logements est soutenu par la Région Bretagne. Nous projetons également de réaménager un 3ème quartier (d’ici 4-5 ans).
Concernant les rythmes scolaires, nous avons entamé la réflexion avec les services concernés puisque nous allons repasser aux 4 jours d’école à la rentrée prochaine. Le budget actuellement consacré à ce domaine va être réorienté vers le soutien aux publics scolaires en difficulté : le projet de réussite éducative, l’accompagnement des enfants handicapés.
Nous souhaitons également donner une nouvelle dynamique à la démocratie participative, pas uniquement dans les conseils de quartiers. Il est nécessaire de donner davantage la parole aux citoyens. Une peu sur le modèle de notre expérience « Lannion 2030 » avec des ateliers participatifs, de la concertation sur la politique de la ville. Pour cela, il faut trouver les bons leviers. Les priorités ont changé.
. Qu’attendez-vous d’un établissement ressources comme le Centre de Gestion ?
P.LB : Nous faisons appel au Centre de Gestion sur des missions spécifiques que la Ville ne peut pas assurer elle-même telles que le classement des archives par exemple. Mais surtout, j’attends du CDG une expertise sur des problématiques d’organisation interne, un apport méthodologique sur les questions de ressources humaines. Nous avons sollicité le service Médecine préventive sur les risques psychosociaux dans le cadre du CHSCT. Aujourd’hui, nous entamons une réflexion sur le fonctionnement de notre service du personnel pour l’adapter aux nouvelles problématiques de ressources humaines. Faire en sorte que ce service réponde mieux aux questions des agents de la Ville de Lannion sur leur carrière mais aussi aux attentes des services. Le Centre de Gestion va pouvoir nous apporter une méthodologie afin de générer une nouvelle dynamique et faire en sorte que chacun trouve sa place et travaille en bonne intelligence dans ce service.
Nous nous positionnerons peut-être également pour bénéficier de la nouvelle mission du CDG qui va proposer le recours à une assistante sociale mutualisée.
. Avez-vous eu une expérience marquante avec les services du Centre de Gestion ?
P.LB : Il y a deux ans environ, les organisations syndicales ont souhaité travailler sur la question des Risques PsychoSociaux (RPS). En ayant la volonté de sortir de l’aspect individuel, nous avons fait appel au service de Médecine préventive du Centre de Gestion pour mieux identifier les problématiques qui étaient posées. Cette démarche d’accompagnement nous a permis de trouver des éléments de langage, un vocabulaire commun avec les syndicats et les personnes impliquées dans ce dossier. Nous avons notamment identifié un problème au niveau de l’encadrement intermédiaire, qui était très sollicité, même au-delà des horaires de travail habituels, et manquait de formations pour assurer des missions d’encadrement. L’étude a permis d’objectiver des ressentis et de mettre en place des actions de formations, de mieux maîtriser avec eux les périmètres d’intervention, de redonner de la sérénité aux personnels. Nous avons bâti des plans d’actions sur lesquels nous nous appuyons dans le cadre du CHSCT. C’est une expérience très positive que nous allons capitaliser pour d’autres sujets d’organisation interne.
. Pour conclure, à titre professionnel, avez-vous une citation ou une phrase préférée ?
P.LB : C’est une phrase de Confucius : « Si l’homme a deux oreilles et une bouche, c’est pour écouter deux fois plus qu’il ne parle ». C’est un peu l’idée de la dynamique de concertation engagée à Lannion. Il faut comprendre avant d’agir.











